Union Is Strength

08.06.2022

Le projet Eu Amo SAC offre une deuxième famille et la sécurité d'un foyer aux jeunes de Santo António dos Cavaleiros

Depuis 2010, le programme accueille des dizaines de jeunes chaque semaine et leur propose soutien scolaire, conseils, activités sportives et artistiques. Le tout dans le but de les éloigner des dangers de la rue.

Jules Bigot (FR) / Afonso Morango (PT) - Traduit par Voxeurop

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Le bâtiment ressemble à tous les autres immeubles du coin, mais une fois à l'intérieur, on a l'impression d'être chez une famille
Le bâtiment ressemble à tous les autres immeubles du coin, mais une fois à l'intérieur, on a l'impression d'être chez une famille. | Jules Bigot

À Santo António dos Cavaleiros (Portugal)

Depuis 2010, l'équipe du projet Eu Amo SAC a su nouer des liens forts avec la communauté de Santo António dos Cavaleiros. Porteur de valeurs de solidarité et acteur de la prévention et de la réduction des comportements à risque, ce programme vise à faciliter l'insertion sociale des jeunes. Vu de l'extérieur, le bâtiment ressemble à un immeuble résidentiel semblable à tant d'autres de la périphérie de la capitale du Portugal. Mais l'impression de pénétrer dans le foyer d'une véritable famille s'impose dès l'entrée: les murs colorés arborent de nombreux souvenirs et les différentes pièces respirent la joie.

Raquel, la coordinatrice du projet, est née et a grandi dans la région. Du lundi au vendredi, elle arrive toujours la première dans les locaux colorés. Diplômée en relations internationales, elle travaillait dans une grande multinationale à Lisbonne lorsqu'elle a réalisé à quel point sa ville d'enfance lui tenait à cœur. Elle a alors décidé de changer de vie. Son principal objectif est désormais de transmettre aux jeunes et aux enfants un sentiment d'appartenance à une communauté.

Raquel croit au potentiel de chacun et accueille toute personne dans le besoin. Elle souhaite que chaque enfant puisse être aimé autant qu'elle-même l'a été durant ses années à Santo António dos Cavaleiros. «Conçu pour la communauté», ce projet a d'ores et déjà changé de nombreuses vies. «Nous sommes une deuxième famille.»

Préserver les enfants des dangers de la rue

Au sein du centre Eu Amo SAC, les enfants et les jeunes de 10 à 25 ans trouvent un havre de paix, un foyer protecteur qui les éloigne des problèmes sociaux et familiaux rencontrés chez eux. Environ cinquante enfants s'y rendent chaque semaine, dont plusieurs migrants principalement issus de pays africains de langue officielle portugaise.

Le projet comporte plusieurs volets, tels que le soutien scolaire, l'accompagnement familial, les nouvelles technologies, les compétences sociales et humaines, les arts ou encore les loisirs. Les activités proposées correspondent aux centres d'intérêt des jeunes, tout en permettant de les suivre et de les aider à prendre leurs décisions. Le centre leur inculque des principes et des valeurs qui structurent un parcours de vie sain. Le principal enjeu consiste à préserver les enfants et les jeunes des dangers potentiels de la rue. Car dans les banlieues de Lisbonne, racisme latent, vandalisme, usage de drogues et violence privent de nombreux enfants d'une vie digne et juste.

Raquel rêve de transformer cette génération. «Pour nous, ici, au sein du projet, ces enfants sont comme nos propres enfants. Ils sont mes enfants. Nous portons l'immense responsabilité de leurs vies. Ils sentent qu'ils peuvent nous parler librement et en toute sécurité. Nous sommes ceux vers qui ils se tournent en cas de détresse. Parfois, il nous suffit d'écouter ce qu'ils souhaitent nous confier.»

Le projet Eu Amo SAC a remporté plusieurs prix lors de festivals de cinéma et de théâtre
Le projet Eu Amo SAC a remporté plusieurs prix lors de festivals de cinéma et de théâtre. | Jules Bigot

Parmi les nombreux succès du projet, le théâtre et le cinéma: Eu Amo SAC a notamment déjà participé à plusieurs festivals de cinéma. De nombreux jeunes découvrent leur vocation au cours des ateliers variés organisés par Raquel et son équipe. C'est le cas de Dioclésio, qui a intégré le projet en 2015 sur les conseils de ses cousins. Sa grande timidité s'est littéralement envolée lorsqu'il s'est découvert une passion pour le théâtre. Il prend désormais plaisir à se retrouver sous les projecteurs et rêve de partir étudier le théâtre en Suisse. Il aime particulièrement créer des personnages variés.

Elisandro a également développé un goût prononcé pour le jeu d'acteur et le cinéma. Auparavant, il étudiait les langues, mais peu de temps après son arrivée, ses projets d'avenir se sont éclaircis. Après avoir déjà produit un film, il souhaite désormais achever sa scolarité, afin de partir en Angleterre étudier le théâtre dans les meilleures écoles.

Parler, écouter, aider

Les deux garçons se sont bien adaptés au centre, qu'ils décrivent comme un environnement calme, où tout le monde s'entend bien. Ils considèrent Raquel comme une personne qui a toujours été et sera toujours là pour eux, ont appris à croire en leurs rêves et à ne jamais baisser les bras. Dioclésio a ainsi su trouver la concentration, la détermination et le courage nécessaires pour faire ce qu'il aime.

Originaire d'Angola, Clayton, 20 ans, n'a, lui, pas rejoint Santo António dos Cavaleiros sans difficulté. Ballotté en permanence d'une maison à l'autre, toujours dans l'urgence, il n'a jamais pu s'enraciner nulle part. Alors, son arrivée au sein du projet a changé sa vie. Son attrait pour la danse et l'animation, tout comme sa passion pour le football, le stimulent au quotidien.

Timide et réservé, il avait beaucoup de mal à s'exprimer en public durant les premiers mois. Néanmoins, après avoir participé à plusieurs activités, il s'est affirmé au point de devenir l'un des principaux animateurs de Santo António dos Cavaleiros. Il parle avec les plus jeunes, écoute leurs problèmes et les aide à prendre des décisions. Plus que tout, il leur propose des loisirs dont chaque enfant devrait pouvoir profiter.

Plusieurs projets sont menés avec les jeunes par le programme. Et, parfois, réveillent des vocations
Plusieurs projets sont menés avec les jeunes par le programme. Et, parfois, réveillent des vocations. | Jules Bigot

En tant qu'éducateur, il assume une grande responsabilité. Il souhaite voir les enfants s'amuser et grandir en prenant conscience de leur valeur et de leurs ambitions, sans jamais nuire aux autres. Les footballeurs Paul Pogba et Lionel Messi sont pour lui des modèles qu'il suit avec une grande admiration. Mais Clayton puise aussi son inspiration dans toutes les expériences qui rythment ses journées. Il rêve ainsi de fonder un club de football ouvert à l'ensemble de la communauté, afin d'accueillir de jeunes passionnés de foot en quête d'un nouveau refuge. Le conseil de Clayton? «Restez toujours en mouvement. Tirez parti de tout ce que vous faites. Profitez au maximum de chaque instant.»

«Ce projet change des vies»

Bruno, 21 ans, fut l'un des tout premiers jeunes inscrits au projet. À présent trop âgé pour participer, il garde néanmoins contact avec l'équipe et reste à proximité du centre. Il a grandi avec Eu Amo SAC et le porte désormais dans son cœur. Car c'est bien cette famille qui a pris soin de lui durant plusieurs années. Il s'est senti intégré du début à la fin.

«Ce projet change des vies. Il a changé la mienne, c'est certain. La communauté respecte énormément ce programme. Tout le monde le connaît et le soutient. Il m'a construit en tant que personne. Il m'est très difficile de vous expliquer ce qu'il représente pour moi. Il faut venir et voir ces personnes entièrement dévouées aux enfants qui arrivent ici dans le dénuement. C'est seulement en le ressentant et en le vivant que vous pourrez comprendre pourquoi j'aime tant SAC. C'est addictif!»

«Toi, moi, nous.» La devise du projet illustre bien le vivre-ensemble qui habite ces lieux. L'ambiance familiale avec ses sourires, sa joie et son calme, fait oublier les problèmes que ces enfants ne devraient jamais avoir vécus. Eu Amo SAC est une deuxième famille, une première ligne de défense pour celles et ceux qui cherchent –et trouvent ici– un foyer. «Aimer et être aimé»: ce poster affiché dans les locaux grave dans les esprits la philosophie de ce groupe.

Union européenneCet article est réalisé dans le cadre du concours Union Is Strength, organisé par Slate.fr avec le soutien financier de l'Union européenne. L'article reflète le point de vue de son autrice et la Commission européenne ne peut être tenue responsable de son contenu ou usage.