Le tourisme de bien-être, une recette pour les défis soulevés par la pandémie
Dans les pays baltes, grâce au projet «Wellbeing Tourism in the South Baltic Region - Guidelines for good practices & Promotion: SB WELL», davantage de personnes apprécient les vacances dans leur région ou dans la nature.
À Przywidz (Pologne)
Barbara et Bartosz Idczak disent vivre de la lavande. Depuis plus de onze ans, ils cultivent dans le nord de la Pologne cette plante venue de la rive ouest de la Méditerranée et recherchent en permanence de nouvelles solutions écologiques à introduire dans leur entreprise familiale d'agrotourisme, à Przywidz. Le couple a décidé de créer sa propre entreprise lorsqu'il a voulu consacrer davantage de temps à sa famille au lieu de le passer dans les transports pour aller travailler à Gdańsk.
«Il y a douze ans, nous nous sommes dit que nous pouvions commencer à cultiver de la lavande, raconte Bartosz Idczak. Les débuts ont été difficiles car c'est un domaine où l'on apprend sans cesse quelque chose de nouveau. Ce n'est qu'au bout de la troisième tentative que nous avons réussi à faire pousser un champ de lavande.»
Il y a aujourd'hui trois gîtes lavande à Lawendowa Osada, où les clients peuvent faire une pause, loin de l'agitation de la ville, et se recentrer sur la nature. De nombreux produits (comme le sirop de lavande, l'hydrolat de lavande, les thés) disponibles dans la ferme agro-touristique sont fabriqués sur place. La Suisse kachoube, région polonaise où se trouve l'entreprise, est riche de lacs et de forêts. On n'y retrouve ni la foule des touristes, ni les embouteillages matinaux, ni le vacarme.
«Nous essayons de fournir à nos clients des espaces de liberté pour se reconnecter avec la nature et se déconnecter complètement du travail, explique Barbara Idczak. Par ailleurs, dans les chambres de notre ferme, il n'y a pas de téléviseur; nous proposons d'autres formes de divertissements: des soins au centre de bien-être Lawendowe Wellness & SPA et des jeux de société, parmi tant d'autres activités.»
Les Idczak reconnaissent que participer au projet «SB WELL» fut important pour eux: cela les a confortés dans l'idée que ce type de tourisme était actuellement très recherché. Depuis le début, ils ont veillé au développement durable: rencontrer des entrepreneurs partageant la même approche a donc constitué pour eux une source d'inspiration.
Atlas Wellbeing
Grâce au projet, des petites et moyennes entreprises de Pologne, du Danemark, d'Allemagne, de Lituanie et de Suède ont uni leurs forces pour échanger leur expérience de la gestion d'une entreprise dans une vision de bien-être. Les touristes pourront utiliser l'«Atlas Wellbeing» en ligne, qui recense les lieux participants au projet «Wellbeing Tourism», et programmer leur voyage.
«Je tenais beaucoup à montrer la richesse de la nature et les différentes possibilités de se reposer dans la région du sud de la mer Baltique, parce que nous partons souvent loin pour les vacances et nous n'apprécions pas notre propre région, où il est également possible de passer son temps libre», plaide le docteur Lali Lindel, à l'origine du projet de l'Université de Linnaeus. «Le repos dans un esprit de bien-être consiste à atteindre un état d'harmonie, non seulement avec soi-même, mais aussi avec l'environnement.»
Grâce au projet, de nombreuses sociétés ont pris conscience qu'elles n'étaient pas les seules dans la région de la mer Baltique à s'intéresser à l'écologie et au contact avec la nature. Lena et Piotr, eux, proposent de se reposer dans de petites maisons en bois à Tofvehult, sur la côte suédoise.
«Participer au projet nous a permis de poser un regard plus clair sur notre activité et de nous rapprocher également de cette notion de bien-être. Nous savions ainsi quel objectif rechercher lors de l'élaboration de notre stratégie commerciale et marketing. Nous puisons notre inspiration auprès des autres membres du projet. Nous avons le sentiment de compter vraiment dans cette communauté et de contribuer par notre action à construire un monde meilleur», confie Piotr.
Des produits naturels
La puissance exceptionnelle de l'ambre est devenue une source d'inspiration pour la manufacture Amber Dream à Sopot, près de Gdańsk en Pologne, qui crée des oreillers naturels, lesquels seraient dotés de propriétés relaxantes et bénéfiques pour la santé. Les propriétaires, Piotr Grabowski and Katarzyna Nowińska, dormaient auparavant sur des oreillers garnis de cosse de sarrasin réputés avoir un effet positif sur la qualité du sommeil. Inspirés par leur expérience, ils ont décidé de faire quelque chose pour aider leur enfant à ne pas se réveiller la nuit.
«Au début de notre activité, nous voulions fabriquer pour notre fille un coussin hypoallergénique qui lui permette de s'endormir plus facilement, se souvient Piotr Grabowski. C'est ainsi que nous avons créé un coussin garni d'ambre brut et de cosse de sarrasin qui empêche la formation de bactéries, de moisissures et de champignons. Il est hypoallergénique et permet à l'air de circuler, ce qui favorise la régulation de la température du corps. Notre fille a ainsi pu dormir plus paisiblement et plus longtemps.»
«Nous voulions créer un produit universel qui contienne de l'ambre de la Baltique car il a toujours fait partie de mon histoire. Mes parents travaillaient dans la création de bijoux en ambre. Je voulais créer quelque chose d'unique, qui contienne des matières premières naturelles et écologiques, relate Katarzyna Nowińska. La manufacture de Sopot cherche à réduire la production de déchets. Elle attache énormément d'attention au respect de l'environnement naturel et à la promotion du développement durable.»
Cette société de la Tricité ne se contente pas de proposer de grands coussins garnis de cosse de sarrasin, mais aussi des coussinets que l'on peut placer sur les yeux et qui sont remplis de graines de lin, d'ambre de la Baltique et de lavande. Il est ainsi possible de se calmer et de s'isoler des stimulations de l'environnement.
L'approche de Daiva et Donatas Abručiai à l'égard des produits naturels est similaire. Ils possèdent une ferme apicole au milieu d'une forêt, au nord de la Lituanie. De mai à septembre s'y déroulent des dégustations de miel naturel et des ateliers pédagogiques. Les touristes peuvent par ailleurs profiter de l'apithérapie, qui s'appuie sur les vibrations des ruches.
Daiva Abručiai souligne que dans le tourisme de bien-être, la protection de l'environnement, les touristes et les prestataires de services sont tout aussi importants: «Par exemple, les prairies en fleurs ne procurent pas seulement de la joie pour les touristes, elles nous fournissent également du thé ou du miel, tout en augmentant la biodiversité. Le voyage d'étude en Suède durant lequel nous avons rencontré des passionnés de ce type de tourisme a été très intéressant. Je ne pensais pas qu'une simple promenade en forêt puisse aboutir à une belle réflexion, ni le fait de cuisiner des produits locaux en plein air à un déjeuner inoubliable.»
Une détente en période difficile
Le Five Senses Float SPA de Gdańsk fait appel à des méthodes de relaxation originales, en utilisant des produits de beauté naturels vegans et en essayant le «floating». En flottant dans une piscine contenant de l'eau avec du sel spécial d'Epsom, on retrouverait un certain équilibre physique comme mental.
«Nous avons déjà réalisé 10.000 sessions de “floating” durant lesquelles nos clients s'isolent des stimulations extérieures et se concentrent sur leur sensation de relaxation profonde, explique Karol de Five Senses. Depuis les confinements, nous observons un besoin important de faire une pause après le travail à distance et sédentaire. De plus en plus de personnes utilisent régulièrement les sessions de “floating”.»
Si de nombreuses entreprises choisissent de s'orienter vers le tourisme de bien-être, c'est, semble-t-il, à cause de l'anxiété causée par la crise climatique et du stress accru par les défis du monde contemporain.